Chaque année, a lieu à Montreuil aux portes de Paris, la grande réunion des professionnels et des amateurs du livre et de la presse jeunesse. C’est une occasion unique pour nous, documentalistes de l’étranger car nous pouvons en 4 ou 5 jours, voir, toucher, sentir les nouveaux livres de l’année, découvrir des éditeurs, des collections, rencontrer des auteurs, des éditeurs, des illustrateurs. Ces rencontres donnent souvent lieu à de grands projets pour le lycée, et assister à des ateliers et des conférences enrichit nos pratiques et nos connaissances.
Voici le premier épisode de notre petite saga sur notre séjour au salon de Montreuil. Après les conférences, vous pourrez découvrir les thématiques qui ont attirées notre attention, nos belles rencontres et enfin nos livres coups de coeur (pour vous donner des idées de dernière minute pour ces cadeaux de Noël).
1/ Des conférences
La maternelle, une école de littérature (Mathilde)
Une conférence très intéressante par Christophe Lécullée qui a aussi travaillé avec Jocelyne Guegano qui était venue animer un stage sur l’oral en maternelle il y a 2 ans. De fait, on pouvait y retrouver un certain nombre de points communs comme par exemple l’importance de poser les archétypes des personnages récurrents (loup, renard, ogre, lapin…) en maternelle.
Le propos de cette conférence était de considérer la littérature comme objet d’apprentissage en maternelle et non pas uniquement comme un support d’apprentissage.
J’ai acheté le livre sur lequel cette conférence se basait. Il est en BCD et vous y trouverez notamment des propositions de programmation et de progression en littérature pour les trois classes de maternelle.

Héros différents (Mathilde)
Entretien et regards croisés entre Emilie Barr pour “Flora Banks” et Romain Puértolas pour “un détective très très très spécial”. Ces deux romans policiers ont comme points communs que le personnage principal est porteur de handicap, et que ces deux livres sont écrits à la première personne du singulier. Comment fait-on pour se mettre dans la peau d’un personnage porteur de handicap, alors qu’on ne l’est pas ? Comment écrire un livre dont le héro est porteur de handicap, sans que le handicap ne soit le sujet du livre, mais une caractéristique du personnage ?
Les deux auteurs nous ont expliqués qu’ils ont passés beaucoup de temps en recherches sur le handicap en lui-même pour le comprendre dans sa profondeur, qu’ils se sont entretenus avec des professionnels de santé et qu’une fois armés de ces connaissances, ils ont laissés parler leur imagination.
Dans les deux cas, ils n’ont pas intentionnellement créé un personnage porteur de handicap. Le personnage leur est apparu comme ils disent, tel qu’il est, avec toutes ses caractéristiques, dont ce handicap.
C’est ce point de vue qui a retenu mon attention. Il est très intéressant de voir que le handicap fait petit à petit sa place dans la société pour passer de différence à caractéristique, ce qui va, à mon avis, dans le bon sens. (ils ne sont pas différents à cause de leur handicap, ils sont comme cela, avec leur handicap)
Imaginer l’enfance et l’adolescence: l’auteur jeunesse, passager clandestin ? (Mathilde et Coralie)
S’identifier à son personnage adolescent quand on est un auteur adulte n’est pas une chose évidente. Le débat opposait trois visions, trois approches très différentes. Claudine Desmarteau, Sophie Humann et Sylvaine Jaoui représentent trois styles littéraires très différents mais placent toutes les trois l’enfant et/ou l’adolescent au centre de leur travail. Un vrai coup de coeur pour Sophie Humann, auteure de Marie, fiancée de Louis XV : journal d’une future reine de France. Une discussion en tête à tête à la suite du débat a donné lieu à de belles idées de projets futurs au CDI !
David Carter, master of pop-up books (Mathilde et Coralie)
Rencontre avec le maître du pop up. La conférence a commencé par une présentation de l’auteur, de son parcours. C’était très intéressant de voir qu’il est avant tout illustrateur avant d’être plasticien ou technicien. Il est venu aux livres par l’illustration et non pas par le pop up en tant qu’oeuvre plastique. Et pourtant aujourd’hui, ses livres sont surtout abstraits.

Il a abordé avec nous l’émergence des livres pop up dans à la fin des années 1980, même si les premiers datent de la fin du 19e siècle. Il nous a aussi expliqué que cette vague était en train de refluer aux USA, tandis qu’elle persiste en France et en Europe, peut être parce que les lecteurs apprécient les livres pop up aussi en tant qu’oeuvre d’art abstrait et non pas uniquement en tant que livre “devant” raconter une histoire.
Pour finir, il nous a mis au travail et nous à fait faire deux petits pop up, l’un avec un pli parallèle, qui introduit la dimension, et l’autre avec des plis en biais qui introduisent le mouvement.
Se repérer dans la jungle de l’info (Coralie)
Atelier collectif et interactif avec les journalistes Cécile Bourgneuf, Elsa Maudet et la graphique du P’tit Libé, Emilie Coquard. L’objectif était de donner aux élèves présents les grilles de lectures pour appréhender et analyser l’information qui nous parvientdans un flux incessant. Une initiation intéressante surtout pour les plus jeunes mais des pistes de réflexion peuvent être développées pendant la semaine de la presse au collège et en cycle 3.

Ceux qui font la presse. (Coralie)
Discussion rencontre organisée par le Syndicat de la Presse Magazine, groupe jeunesse. De nombreux thèmes ont été abordés mais les trois sujets traités les plus importants étaient : la diversité de la presse, les réalités économiques rencontrées par la presse indépendante ou appartenant à des petits groupes, l’esprit critique et les débats d’opinion. Ce genre de rencontre permet de se remettre en question sur la façon d’enseigner l’éducation aux médias (au CDI) en abordant par exemple de nouveaux thèmes (comme la réalité économique qui oriente les choix éditoriaux). C’était aussi l’occasion de confronter de qui est fait dans d’autres CDI.
La conscience animale (Mathilde)
Un entretien très intéressant avec Jean-Baptiste de Panafieu, auteur de documentaires scientifiques pour la jeunesse, et invité ce jour-là pour parler de la conscience et de l’intelligence animale. Il vient de sortir le troisième et dernier tome de son roman “L’éveil” qui évoque ces thèmes. Sa manière de parler aux collégiens qui étaient venus le rencontrer et ses références à des grands scientifiques reconnus (Frans de Waal, Jane Goodall pour ne nommer que ceux qui me parlent plus particulièrement) ainsi que les nombreux exemples qu’il nous a donnés en matière d’étude du comportement animal (tous récents et documentés, en même temps que parfaitement compréhensibles par des jeunes sans connaissances particulièrement poussés en éthologie), tout cela a élevé le niveau de cette conférence pour la rendre à la fois pointue et passionnante.
J’ai découvert un auteur passionnant et passionné.
Mathilde Berger pour la BCD et Coralie Andrau-Fournier pour le CDI